Deux mois. C’est le temps qu’il aura fallu aux marchés pour retracer tout le rally de décembre sur les taux d’intérêt. Les perspectives de baisse des taux ont été revues à la baisse, quand bien même les pentes de taux n’ont guère évolué à ce stade.
Pour l'heure, les économistes tablent sur une baisse de 0.75% des taux directeurs d’ici la fin de l’été en zone euro. Une seconde baisse de 0.75% est également attendue au cours de l’hiver 2024-25, ce qui ramènerait lesdits taux sur des niveaux de 2.5% d’ici l’été 2025.
Les taux américains devraient par ailleurs emboîter le pas de leurs homologues européens avec cependant des replis légèrement plus étalés dans le temps et une baisse de 1.5% à horizon septembre 2025.
Cette légère divergence est en ligne avec les écarts d’inflation entre les deux zones. A ce propos, un scénario dans lequel la FED ne baisserait pas les taux en 2024, et la BCE prendrait les devants durant le troisième trimestre commence même à être évoqué. À noter que la Chine reste de son côté en déflation, essentiellement en raison de la baisse des prix alimentaires.
Dans le même temps, les marchés actions ont pour leur part continué de grimper en Europe et aux Etats-Unis. Tous les secteurs, et non plus seulement l’IA, ont été concernés par cette séquence haussière, tandis que les rendements attendus des investissements en actions américaines sont désormais presque inférieurs à ceux attendus sur le marché obligataire. Il faut remonter à 2002 pour retrouver une telle situation ! A contrario, les rendements attendus sur les actions chinoises devraient surperformer ceux des obligations avec des niveaux sans précédent depuis la crise de 2007-2008.
Alors que les marchés obligataires américains et européens sont revenus sur des niveaux plus attractifs, nous restons toujours d'avantage attirés par les durations courtes en raison de la vigueur persistante de l’inversion des courbes. En outre, les chiffres de l'inflation ne se stabilisent pas sur des niveaux qui plaident pour une baisse des taux à la fois franche et rapide, les stratégies de couverture contre une hausse de l’inflation font leur retour, signe que le sentiment de marché évolue à nouveau sur le sujet. Assisterons-nous à un essoufflement plus important du marché obligataire si aucune baisse de taux n’intervient d’ici juin ?
En attendant, les stratégies d’accumulation sur les taux rencontrent également un succès franc auprès d’investisseurs professionnels et institutionnels qui cherchent un capital garanti ou à forte protection. Les produits qui proposent des coupons payés uniquement lors du rachat ou à maturité (snowball, in fine) ont également le vent en poupe et sont une autre bonne façon de tirer profit de ces taux plus élevés. Des investissements ainsi structurés, à capital garanti, permettent d’atteindre des rendements supérieurs aux dépôts à terme.
Les repack obligataires, eux, bénéficient bien de ces taux revus à la hausse, mais les marges de crédit ont continué de se resserrer ces derniers mois, effaçant en partie l’impact des taux. Ce phénomène ne saurait être occulté alors que les taux de faillites sont en forte augmentation.
Afin de naviguer au mieux ces marchés à forte décorrélation, la sélection de sous-jacents et l’appréciation des risques idiosyncratiques sont essentielles. Nous restons à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus et la construction d’investissements adaptés.